Quelques mots à propos de l’héritage de Dolto.
Basé sur Dolto en héritage – Tout comprendre, pas tout permettre de EDWIGE ANTIER
chez Robert Laffont
Egalement disponible en version de poche
Il y a un « avant » et un « après-Dolto »
Françoise Dolto a suscité une révolution dans les rapports entre enfants et parents, comparable à celle qu’avait menée Jean-Jacques Rousseau. Grâce à la philosophie, le maillot qui étouffait les enfants a pu être enlevé. La psychanalyse, elle, leur a ôté le maillot psychique qui les empêchait d’être écoutés.
Car, autrefois, le bébé était considéré comme un tube digestif, qui ne souffrait pas, qui ne comprenait rien de ce qui lui arrivait. Dolto, donnant tout son sens à la formule de Winnicott, « le bébé est une personne », en a fait un être humain à part entière, considéré désormais comme un être de langage, doté d’une précoce compréhension émotionnelle.
Pourquoi Dolto était-elle visionnaire ?
Son charisme, ses formules simples, souvent provocatrices, ont suscité les critiques par ses pairs. Pourtant le public adhérait, devinant la visionnaire. Certes, ses interprétations paraissaient souvent intuitives, car Dolto n’a pas vu les progrès de l’imagerie médicale, de la neuropédiatrie, de la génétique, du métabolisme neuronal (découvertes postérieures à son décès). Ces sciences du cerveau ont prouvé, depuis, qu’elle voyait souvent juste. Plus de vingt ans après, nombre de ses avis éclairés sont sidérants par leur acuité.
Prônait-elle un certain laxisme devant l’enfant ?
On a mélangé les idées de Dolto au « il est interdit d’interdire » de mai 68.
Les pistes ont été brouillées entre le « tout comprendre » et le « tout permettre ». C’est ainsi que peu à peu, tout s’est organisé autour de l’enfant qui est devenu le véritable chef de la famille. Aujourd’hui, les enfants se permettent de tout reprocher à leur mère ou à leur père. Ils leur disent parfois des choses très cruelles, gênant la transmission intergénérationnelle, ruinant ensuite leur propre confiance en eux.
« Tout dire » à son enfant : le malentendu.
Françoise Dolto disait : « Dans l’inconscient, un être humain sait tout, dès qu’il est petit. L’intelligence dans l’inconscient est la même que chez nous, qui sommes des adultes. Donc, chaque fois que nous avons l’occasion de parler des choses de la vie, il faut les dire telles qu’elles sont ».
Remportant un formidable succès, les propos de Dolto ont été déformés. Les parents en ont souvent retenu qu’il fallait « tout dire au bébé ». Ce n’est pas ce qu’elle disait. Elle parlait des vérités qui le concernent, de sa relation avec sa mère, des choses existentielles. Alors est né un véritable courant sociologique confondant « dire à l’enfant sa vérité », càd ce qui concerne son histoire ; et « tout dire » à l’enfant.
Jusqu’où aller ? « Faites confiance aux capacités de votre enfant à partager vos émotions quand elles le concernent : il comprendra, à la musique de vos phrases, les confidences concernant sa création, ses ancêtres,… »
« Un bébé, c’est comme une bande magnétique enregistrée »
« Je peux vous dire, puisque vous savez que je suis psychanalyste, disait Dolto, qu’il y a des enfants qui se souviennent des premières choses qui ont été dites autour d’eux. Nous sommes très étonnés, c’est comme une bande magnétique enregistrée. Alors, ce n’est pas pour qu’on leur fasse des discours, mais, c’est pour qu’on sache, qu’on peut s’adresser à la personne de l’enfant dès sa naissance, et qu’il en a besoin. C’est comme cela que nous l’introduisons en tant que futur homme, ou future femme, et non pas en tant que petite chose, bébé, nounours.
C’est un être humain. Bien sûr qu’il faut lui donner ses cajoleries aussi. Mais il faut respecter en lui ce futur homme ou femme, et que le père et la mère lui parlent. Tout ce qui est parlé devient humain ; tout ce qui n’est pas parlé, pour l’enfant, cela reste à l’état d’insolite, et ce n’est pas intégré à la relation qu’il a avec sa mère ».
Les enfants ont de véritables antennes qui leur permettent de capter le climat émotionnel. Les non-dits, les échanges à mots couverts leur sont plus intelligibles que les discours que vous mettez en forme pour eux…Et s'il n'est pas encore prouvé qu’ils se souviennent du contenu de ce qui leur est dit, il a été démontré depuis qu’un bébé à la mémoire de la musique entendue pendant sa vie in utero.
Dolto la visionnaire : « Tout ce qui n’est pas parlé pour l’enfant, reste à l’état d’insolite »
Mais que comprend-il ? A partir de quel âge considérer qu’un enfant est suffisamment intelligent pour comprendre ce qu’i lui est dit ? Dès la naissance ! C’est en cela que Dolto était la véritable visionnaire. Alors qu’elle ne possédait pas les outils découverts depuis lors. Les travaux des observateurs du comportement prénatal ont confirmé l’incroyable : un nouveau-né est programmé pour comprendre les émotions de sa mère.
C’était de la science-fiction il y a trente ans lorsque Dolto soutenait qu’il fallait dire – non pas toute la vérité – mais toute SA VERITE au bébé, disant qu’il comprenait les paroles qui avaient une grande importance pour lui, une importance existentielle. Elle était en avance sur son temps.
Il s’agit d’exposer la vérité de l’enfant, « la vérité de la relation avec sa mère ».
Exemple : « De la compréhension à la démission »
Comprendre ne signifie pas tout permettre ! Parler et laisser faire ? Tout passe au-dessus de sa tête ? La mère victime complaisante de l’enfant tyran ?... mordre… 2 ans et demi si il est habitué cela se passera mieux à son entrée à l’école mais c’est trop tôt… la fessée… se défendre ?… la TV… etc !
De nombreux autres thèmes sont abordés, directement ou indirectement par Dolto dans ce livre.
Que dire, comment lui dire ? ou que ne pas dire ? Différents thèmes abordables avec un point de vue « Doltoien » :
- Naissance par fécondation in vitro
- Le silence des jumeaux (un des 2 décédé avant la naissance)
- Déception devant son sexe (fille-garçon)
- Un changement de sexe
- Quand le(s) parent(s) leur a menti
- Père Noël ? St Nicolas ? mythe / mensonge
- Un proche (père, mère) va mourir
- Une mère « indigne »
- Cacher ou dire ?
- (trop) «verbaliser» inquiète au lieu de rassurer
- Mensonge utilitaire
- Mensonge et émotions
- Faire avouer ?
- Vrai pour de vrai et vrai pour de rire
- Menteur : génétique ?
- Interrogations sexuelles indicibles
- Protection de sa vie privée
- Crédibilité et vérité
- Embrasser l’enfant sur la bouche
- Mon père embrasse sur la bouche
- Voyeurisme, nudisme, inceste, etc…
- Petit frère ou sœur… jalousie et questions qu’ils se posent et vous posent
- Rivalité fraternelle et conjugale
- Devenir femme, découvrir la femme en la mère
- …
Dans un autre volume : Dolto en héritage – Fille ou garçon, la naissance de l’identité sexuelle, Edwige ANTIER a rassemblé, repris et actualisé les questions soulevées par F. Dolto sur ce thème :
A quel âge le sait-il(elle) ? Comment se construit l’identité sexuelle ? Quel part de la génétique et celle de l’éducation ? A quel modèle se réfère un enfant élevé dans l’homosexualité ? Quel rôle du père et de la mère pour le garçon et pour la fille ? Quid d’un enfant qui privilégie les jeux et manières du sexe opposé ?
De multiples questions encore, sous dix chapitres repris ci-dessous :
- Les choses qu’un père doit dire à son fils
- A quel âge l’enfant se sent-il fille ou garçon ?
- Les seins, phallus des mères ?
- Garçons manqués et « Sissiboys »
- Parler de sexualité aux enfants ?
- Les mystères du lit parental
- Cauchemars de filles, cauchemars de garçons
- Comment les protéger de ce qui est malsain ?
- Quand l’image du parent est absente ou affaiblie
- Et si je l’élève seule… ou à plusieurs
- Demain, une identité mosaïque
